Logo bonhomme-livre du Verbe Poaimer par feu François Dyrek, symbole poétique de création littéraire et de liberté d’expression

Le Verbe Poaimer en tant qu’association de création poétique manifeste son soutien aux artistes de caricatures, après le drame arrivé aux rédacteurs de « Charlie Hebdo ».

La solidarité est ici exprimée par deux de nos poètes phares du Congo RDC qui dans leur région du nord est sont fortement éprouvés par des actions terroristes.

Nous plaçons ensuite deux poèmes de Bernard Chasse qui dans tous nos recueils procède au rappel de nos valeurs essentielles. Nous diffusons des poèmes de Bernard comme le fait aussi Philippe Daverat.

Et nous terminons par 4 paragraphes « Es-tu Charlie je suis Charlie et nous le sommes… »

En attendant d’autres témoignages ou prises de positions solidaires en vers ou en prose.

Nous venons d’intégrer les poèmes d’Hervé Donjon et de Jean Fauré…

« Chers Amis, bonjour ! Ce qui vient de se passer à Paris (Charlie Hebdo – si j’ai bien écrit), c’est comme ce qui est en train de se vivre ici chez nous, bien que dans des contextes différents : la violence semble primer sur la non violence… Pour quelle finalité ?

Et nous poètes, que devons-nous faire ? Faire couler des « larmes qui panseront les blessures des victimes » ? Fol espoir mais dur labeur !

Courage, chers amis français !

Cordialement, Oswald Kitambala, Poète-RD Congo »

 ***

« Charlie, c’est ton nom,
Hebdo secoué par douze détonations
Aussi meurtrières que folles
Resterons-nous ainsi
Les années, les siècles
Ici, sur la Terre, à nous tuer?
En quoi sommes-nous raisonnables?

Charly Mathekis Poète du Congo »

***

Un poème sur la paix in Les Rondeaux de la Paix

Un rêve pour la paix

à la suite d’amorces de Martin Luther King et de Verlaine…

Je fais un rêve singulier chaque nuit
qui n’est jamais tout à fait le même
mais s’inscrit à mon front blême
comme une vérité

L’Étoile me touche au front,
l’Épée me touche au cœur
et l’Étoile et l’Épée me disent Paix et Liberté :
des socs de charrue, et les fusils brisés

Je fais un rêve singulier :
pour tous les Peuples d’Afrique,
d’Alger au Cap de Bonne-Espérance
la Paix et la Prospérité

Je fais un rêve étoilé :
à Bagdad, à Mossoul, à Karbala, à Qom
pour les Chiites, les Sunnites, les Kurdes, les Chrétiens
la paix trouvée et retrouvée,
l’Unité en la Diversité

Je fais un rêve
où les deux Peuples fiers le Peuple Israélien et le Peuple Palestinien
sont devenus deux Peuples frères
Je fais un rêve
dans lequel je vois à Hiéroushalaïm Al Qods Al Charif
les enfants juifs, les enfants chrétiens, les enfants musulmans,
tous les enfants du monde se tenir par la main et danser

Je fais un rêve dans lequel
les moines bouddhistes du Tibet, de Birmanie,
de Thaïlande font l’unique prière
de paix et liberté, et chantent

Je fais un rêve où les jeunes d’Afghanistan
de Kaboul et Kandahar dans la paix retrouvée
dans leur pays libéré retrouvent la joie
de vivre, la joie d’aimer

Je fais un rêve dans lequel
tout est amour, paix et liberté

Bernard Chasse à L’Haÿ-les-Roses le 10 juin 2010.

Le Verbe Poaimer 2011 collection « Poèmes de 7 lieux »

***

In Acrostiches de la Liberté, Le Verbe Poaimer 2010

La blessure, la liberté

En l’ire bleue des colombes
poète je vais
et fais frissonner l’onde
à mon ombre trouvée et retrouvée

Lors je puis rêver
sur la barque, écartelé
et je m’en vais tout étoilé de toi
qui es ma blessure, la liberté

Bernard Chasse

À L’Haÿ-les-Roses, le 13 mai 2009.

***

Es-tu Charlie ? je suis Charlie et nous le sommes

 a) C’est toi Charlie, c’est toi Charlie aussi, mais dis donc, tout le monde s’appelle Charlie aujourd’hui, allez ça me reprend je fais des rimes en i, on défend tous la liberté d’expression tutti, et moi qui mets avant ma signature cordi et poeti, voilà qu’aujourd’hui j’ajoute deux mots cordi et poeti et charlie, et je me souviens que quand j’étais petit, ma mère m’envoyait chercher Charlie, le journal l’hebdo si satiri et j’avais honte avec ces images osées d’être en sortie, maintenant je suis fier d’avoir franchi le cap de la honte pour la liberty, liberty de l’esprit à tous les sens de l’esprit, pour l’audace, la provocation, le panache, le verbe transgressi, le dessin qui rappelle l’exigence de tolérance, de laïcité, d’esprit criti, ça continue avec mes rimes en i, allez je les appelle infinies, je continue à l’indéfini, ad libiti, et je voudrais avec toi et toi et tanti que la planète reprenne la rime à Charlie, ce prénom qui est un diminuti, attachant comme beaucoup de diminuti en allongati syllabi, ce prénom qui enfle et qui devient le nom de la liberté chérie.

b) J’appelle Charlie Hebdo l’irrévérence à la française, une tradition de notre pays qui étonne le monde découvrant nombre de caricatures de nos compères et drôles et éclatant toutes les frontières de la bienséance et du convenu. Dès le jour de la mort de douze de l’équipe, l’un déclara que c’était Voltaire et Coluche qu’on assassinait. C’est aussi Rabelais et Desproges, Daumier et Diderot, La Fontaine et l’Encyclopédie, les farces et les soties. C’est l’expression du sens critique, de la moquerie, de la dénonciation de la bêtise et du suivisme, qui pourfend tous les moutons de Panurge et tous les ânes qui ont la peur au ventre et tous les loups arrogants et tueurs. C’est qui essuie le risque de la censure et de la bastille, des lettres de cachet ou de dénonciation mais la Bastille est devenue notre symbole révolutionnaire et républicain, Marianne est notre prénom de femme, Charlie à devenir notre prénom de gars et comme la France avance un ferment universel, Charlie est le prénom de tous ceux qui demeurent attachés à la seule chose, hors l’amour, à laquelle on peut accorder son attache et attachement : la liberté.

c) Il veut bien s’appeler Charlie, parce qu’il faut montrer qu’on est solidaires et que la barbarie doit pas passer, mais il dit ce qu’il a toujours dit, qu’il y a des limites qu’il faut pas dépasser, il faut pas outrager, insulter la spiritualité, il faut pas s’étonner quand en face il y a des gars surarmés et fanatiques, faut pas leur donner du grain à moudre, du grain à poudre, du grain à foudre, on n’est plus dans le village gaulois, on est sur une planète mondialisée, avec des représentants de tous les pays, de toutes les religions, de toutes les sensibilités et quand on choque avec une caricature qui agresse telle sensibilité faut pas s’étonner du contrechoc, et pourquoi ces gens-là qui avaient été déjà plastiqués pour leurs locaux, ils faisaient pas leurs réunions secrètes, dans des caves, en-dehors des horaires habituels et par petits groupes, mais ils étaient en guerre, ils en avaient pas conscience ou quoi, ils auraient dû agir comme des résistants, oui il vous le dit de la résistance, la résistance du 3e millénaire, dans l’ombre pour leurs réunions de rédaction et dans la lumière que pour leurs images, leurs écrits qu’ils auraient dû seuls exposer au lieu d’exposer leurs corps aussi comme des cibles vivantes, fragiles, à couleurs non criardes.

d) Non Monsieur, ils n’auraient pas dû changer leurs habitudes, leur résistance c’était de continuer à vivre normalement, de porter l’étendard de la liberté d’expression et de l’idéal démocratique. Or toute démocratie est chose fragile, toute démocratie c’est avancer le visage libre, nu, exposé. Ce qui est la chance de se révéler tel que l’on est, de rencontrer l’autre, de s’en faire aimer et respecter et risque de se faire agresser par l’autre, qui peut profiter de cette exposition élémentaire, quotidienne, métaphysique pour l’attenter. Les douze sont les apôtres de l’affirmation de rester soi-même, de vivre pour porter l’idéal d’un vivre ensemble où l’on peut dire ce que l’on pense en tentant le pari de l’ouverture aux autres et si parfois cette ouverture ne heurte qu’une volonté de fermer, de nuire, d’annihiler, c’est un risque assumé. Car si l’on se terre, si l’on se barricade, si l’on fait attention en permanence dans ses actions, ses déplacements, ses propos, c’est soi-même qui enterre la vie démocratique et met la liberté complète sous le boisseau d’une hyper-sécurité qui laisse si peu à respirer et à vivre (J’en parle à l’interlocuteur qui a pris la place de l’autre interlocuteur dans ce même café : il me dit que les porte-bannière ont le devoir de se protéger).

Laurent Desvoux

Texte a w119 écrit dans un café de la banlieue de Paris le jeudi 8 janvier 2015. Texte b w120, c w121 et d w122 dans un autre café banlieus’art le 10. Titre venu le 8.

***

Bonne lecture, bonne écriture, bonnes lectures, bonnes écritures…

Cordi poeti et Charlie

Laurent DDD51

***

Et depuis l’appel nous avons reçu de plusieurs poètes :

Les crayons immortalisés

(En acrostiche Charlie Hebdo Vivra)

Caricaturistes, penseurs, ils tenaient leur crayon
Hilares ils étaient en trouvant le bon mot
Assis à leur bureau, ils tenaient leur crayon.
Réunie pour la rédaction, l’équipe est bientôt
Lâchement assassinée, ils tenaient leur crayon.
Idéalistes, imaginatifs, le talent était leur lot.
Ensemble, tous sont morts, ils tenaient leur crayon.

Hélas, ils sont dix-sept à avoir été massacrés,
Entraînant le soutien national et international, inégalé.
Barbares, les crayons sans cesse vont vous caricaturer
Dessins, textes, avec humour et rires vont vous épingler
Obtus que vous êtes, sans esprit, aveugles et « cons ».

Vide laissé, bientôt d’autres crayons vont se révéler.
Ignoble tuerie, vos crayons ont été votre combativité.
Vibrant hommage rendu, vous ne serez pas oubliés.
Républicains, vive la Liberté, l’Egalité, la Fraternité, la laïcité,
Alors je suis Charlie, libre, et je tiens mon crayon avec fierté.

 Hervé Donjon

***

Le grand Duduche gît par terre
Car deux grands connards l’ont buté.
Raté : leur imbécillité
Ne pourra pas nous faire taire.

Ils l’ont tué pour un crayon
Croquant avec impertinence
Leur fanatisme à l’odeur rance.
Nous n’admettrons pas de bâillon.

Nous tenons à la République.
Tous Unis nous serons plus forts
Que ces pauvres crétins merdiques.

J’ai compris ces gens de tous bords
Qui scandaient ce slogan unique :
« Je suis Charlie » : il n’est pas mort.

Jean Fauré

***

DDD – Je suis Charlie

Ce onze janvier 2015, c’est par milliers
Que tous les Charlie, pour Toi se sont levés,
Pour condamner d’ignobles actes perpétrés,
Et t’offrir toute notre Solidarité :
La Liberté ne sera pas assassinée.

Faut-il qu’ils aient fait un tel bond en arrière,
Pour vouloir imposer au pays de Voltaire,
Leurs lois si contraires à nos Révolutionnaires ?

Connaissent-ils seulement le Siècle des Lumières,
La Révolution française, notre Marseillaise,
Pour attenter à ce qui nous est le plus cher,
Notre Liberté d’expression, et la taire.

A ces barbares, opposons nos coups de crayons,
Notre Liberté chérie, nous la défendrons,
Cabu, Charb, Honoré, jamais nous n’oublierons,
Tignous et Wolinski, nous vous resaluerons,
Car il n’est pas question de capitulation.

Aux fanatiques contre la République,
Contre l’obscurantisme, usons des graphismes !

Anne-Marie Verniengal-Barbier

11 janvier 2015 – République-Nation

***

Laurent,

Ce que les poètes, engagés dans leur temps, doivent faire ?

Peut-être parce qu’un poète est encore plus près du citoyen artiste, dessinateur, musicien,.. que de l’écrivain, le Poète doit amplifier sa voix d’humaniste, doit démultiplier ses écrits qui soulignent la liberté (sous toutes ses formes), l’égalité et la fraternité entre les individus d’une vraie Démocratie (Démos = Peuple, en grec).

A toi, créateur de mots (Poaimer) à cogiter pour trouver un mot qui exprime cela. Sic ! Ce n’est pas un ordre, c’est une boutade.

Amicalement

Alain Montoux

***

Liberté, Egalité, Fraternité

En hommage et à la mémoire des victimes des attentats criminels des 7 et 9 janvier 2015

Puisque l’on tue au nom d’un vulgaire croquis,
Les Tignous, les Cabu, les Charb, les Wolinski,
Qu’on abat lâchement pour un simple dessin,
Un planton de service, un flic, un citoyen ;
Puisque c’est coups de feu contre coups de crayon,
Qu’on fait couler le sang pour encre vermillon ;
Puisque certains voudraient nous imposer leurs lois,
Par la force et le feu, mater l’esprit gaulois,
L’empêcher d’exprimer, d’écrire ou dessiner,
C’est donc la Liberté qu’on veut assassiner.

Au pays de Zola, de Hugo, de Voltaire,
Ils croient qu’avec une arme, ils vont nous faire taire !
Mais notre vieux pays, malgré les maux soufferts,
Malgré les coups portés des tréfonds des enfers,
Malgré ses enfants morts, ces crimes odieux,
Jamais ne baissera ni les bras ni les yeux !
Car notre beau pays qu’est la Terre de France
Protégera toujours le droit, la tolérance.
Il n’est pas né celui qui viendra parmi nous
Briser la Liberté pour la mettre à genoux.

Stéphane Trannoy Le 10 janvier 2015

***

Bonsoir Laurent,

Et bien oui, moi aussi je me doutais un peu que j’aurais besoin d’exorciser cette terrible semaine.  J’ai pensé que seuls les enfants avaient le pouvoir de « consoler la vie » et c’est comme cela qu’est venue « prends ton cerceau » hier.

C’est encore brut de brut et les arpèges peinent encore à passer mais ça vient du cœur.

Prends ton cerceau

Prends ton cerceau petite fille,
On s’en va consoler la vie.
Prends ton cerceau petite fille,
Ce soir on s’en va consoler la vie.

Il pleut des larmes sur la ville,
Le rire est mort ce matin,
Prends ton cerceau petite fille,
La vie l’emportera demain.

Hier est venue la barbarie,
On avait pas voulu y croire,
Des terroristes du terroir,
AOC de nos rêves meurtris.

Prends ton cerceau petite fille,
On s’en va consoler la vie.
Prends ton cerceau petite fille,
Ce soir on s’en va consoler la vie.

Le sang a abreuvé la terre,
Aux bacchanales de la mort,
Pour un dieu fou, pour ses enfers,
Les barbares ont tué la Lumière.

Hier est venu le temps des larmes,
Lorsque s’est tu le chant des armes,
Le vent hurlait son désespoir,
Sur la ville morte vêtue de noir .

Prends ton cerceau petite fille,
On s’en va consoler la vie.
Prends ton cerceau petite fille,
Ce soir on s’en va consoler la vie.

Amitiés

Eric Zahnd